
Albert du Mesnildot est né en 1922, à Parné-sur-Roc (Mayenne), il est le 3ème garçon des sept enfants. Il fera ses études dans cette ville et se distinguera en dessin, français et philosophie. Il commencera à écrire sur sa vie, son quotidien. Dès l’âge de 12 ans sa mère, ayant reconnu son appétence pour le dessin, l’inscrit à des cours et c’est donc ainsi qu’il fera ses premières armes et se distinguera auprès de son professeur.
Lors d’une descente allemande dans son lycée, il sera arrêté et fait prisonnier, s’étant dénoncé pour couvrir un de ses amis. Il passera alors son baccalauréat en prison, qu’il obtiendra. Libéré, il part pour Paris en 1940.
Paris, ville bohème, ville d’artiste.
Sur Paris, il suivra des études de dessin, il habite chez une logeuse rue Maître Albert où il côtoie une faune pittoresque et colorée, qui sera toujours pour lui une source de grande inspiration. Il étudiera le dessin et la peinture dans l’atelier de Monsieur Jaudon, Passage Denfert. Faisant partie de la classe 42, il est requis par le S.T.O. Déclaré inapte grâce à la complicité d’un médecin, il part pour la zone libre avec son chevalet. Avant de monter dans le train, les allemands feront des contrôles. Un soldat, remarquant son chevalet et ses affaires de peintures, discutera d’art avec lui et le laissera passer, sans le contrôler. Il prendra alors le maquis, se servant de son chevalet comme porte document pour la résistance.
Patouillot Est Mort Cette Nuit.
Depuis lundi il ne mangeait plus, il ne toussait plus. Il dormait dans la boite à laine de la salle à manger, l’œil vert et brillant, l’esprit tout de traviole. Pauvre chien. Avec lui s’en vont les derniers souvenirs de notre enfance libre. Comme lui ils sont partis : on les a trouvés raides derrière.[…] Ma richesse est dans mon cœur et ma pauvreté aussi. Un chien qui meurt, un moulin vieux, une amie qui ne viendra pas. J’attends les douces tuberculoses qui seront tristes au moins pour de bonnes raisons. »
Albert, 19 janvier 1945
Après la guerre, il part pour l’Indochine. Il tirera plusieurs carnets de croquis de ses camarades, des habitants ou des paysages. Ces carnets sont, aujourd’hui, en grande parties disparus. Tombant gravement malade, il sera rapatrié sur Paris en 1949. Il habitera dans une chambre de bonne dont il dépeint la rudesse de sa vie. Des écrits subsistent qui décrivent sa vie d’alors.
Je prend une chambre à 280 francs du mois. Une semaine à 70 francs. Cela est sale, cela est répugnant : je n’ose m’adosser aux murs tellement ils sentent la crasse. Pas de punaises, j’ai secoué frénétiquement la chaise sans résultat. Je ne sais où déposer le pain que je viens d’acheter. Enfin on le fourre dans une valise avec ma blouse. »
Albert du Mesnildot, Paris, Vendredi 13 octobre 1949
Il étudiera et dessinera, du nu, à la Grande Chaumière. Trouvant de l’inspiration dans les cafés à Clichy, il tirera des personnages. Ces personnages inspirés, il les appellera ses « polichinelles ». Après avoir vécu de divers expédients, il est engagé comme dessinateur dans une agence de publicité, pour laquelle il livrera de nombreux dessins humoristiques, affiches catalogues, illustrations, dessins pour l’industrie.
en 1953 il se marie avec Claudine Billot-Mornet. Deux ans plus tard, en 1954, nait leur première fille Marie-Corinne. Les hivers sont rudes et froids dans leur chambre de bonne. Il se décriera avec des chaussures trouées, n’ayant pas assez d’argent pour se payer un ticket de métro, volant des fleurs dans les parcs pour sa femme.
Vers le sud de la France, à Varages.
Ils décident alors de déménager pour le sud de la France et s’installent à Varages. Dans une maison où, dans les souvenirs exprimés, les toilettes se trouvaient en dehors de la maison, au fond du jardin. C’est là qu’il commencera à décorer des faïences de plusieurs fabriques indépendantes. Alors que se dégagent des commandes plus personnelles, il décide de se lancer également dans la faïence et tourne ses propres œuvres. Remarqué, il sera exposé à la Galerie Bruno Bassano, à Paris.
Il continuera la peinture, encouragé par Lucien Jacques et Albert Vidalie. En 1957, le peintre Baboulène le repère et décide de lui offrir une exposition au salon 83 à Toulon. Deux années plus tard, en 1959, nait Marie-Véronique sa deuxième fille.
C’est en 1968 qu’il s’installe à Aups avec Claudine, Marie-Corinne et Marie-Véronique. Il ouvre alors son atelier de poterie dans lequel il continue de produire son art et le vend. Une année après leur installation, nait leur premier fils : Stéphane.
Il peindra peu à l’huile, quelques œuvres seulement sont identifiées et signées, mais créera beaucoup de dessins à la plume ainsi que des aquarelles. Ses personnages sont tirés de la vision populaire et aristocrate de Paris qui l’inspire toujours. Il participera à une nouvelle exposition dans le village aux côtés d’autres peintres. Fidèle à son esprit populaire, il exposera ses dessins de nus dans la quincaillerie du village.
On lui connaît d’autres expositions comme « Les peintres en liberté » à la Galerie Expression de Draguignan, puis à l’espace Constant d’Aix-en-Provence ainsi qu’à l’espace Saint-Louis de Brignoles.
Abandonnant la poterie au profit de sa femme, qui fera perdurer l’atelier bien après la mort d’Albert, il se consacre exclusivement à la peinture sur la fin de sa vie. L’apogée, de son vivant, viendra avec une exposition à Londres, la Galerie Duncalfe en 1990 effectue une rétrospective de sa vie de peintre.
Malade depuis l’Indochine, il décèdera en 1990 à Aups. Il est inhumé dans le cimetière du village; Sa tombe est reconnaissable par sa simplicité, fidèle à sa vie, ornée de tuiles de poterie et d’un cyprès.
La peinture me tient. Il y faut distinguer plusieurs choses. Deux au moins, le métier et le sentiment esthétique. De cela on fait un peintre. L’un est aussi utile que l’autre. Est un artiste qui -en peinture- possède ces deux choses. Et ces deux choses sont du domaine de l’éducation.
Albert du Mesnildot, 1943.